mercredi 19 novembre 2008

Let Detroit Go Bankrupt!

Enfin, quelqu'un qui réfléchit un peu, avant de suggérer de gaspiller l'argent des contribuables :

Et un blog intéressant, sur l'industrie automobile sans les constructeurs américains.

mercredi 22 octobre 2008

Le mythe des retombées économiques

Un ajout à la dernière édition de Mankiw/Belzile, chapitre 14 (Principes de macroéconomie)

Un des mythes les plus enracinés dans la population concerne le bienfait économique des guerres. Après tout, le plein-emploi du milieu des années 1940 a suivi la Grande dépression des années 1930. Que faut-il en penser ?
Cet argument est celui des retombées économiques et il est généralement fallacieux. Toute dépense des gouvernements génère des retombées : en effet, si le gouvernement me donne 100 $, j'en dépense une partie. Quelqu'un d'autre recevra donc de l'argent et dépensera plus, etc.. C'est d'ailleurs le principe du multiplicateur, que l'on examinera dans le prochain chapitre. Le gouvernement devrait-il alors dépenser le plus possible pour augmenter la richesse collective ? La plupart des économistes répondraient sans doute "non", car il y a un coût d'opportunité à chacune des dépenses du gouvernement : éventuellement, quelqu'un devra payer pour ces dépenses, sous forme de taxes et d'impôts. En effet, les recettes fiscales proviennent de nos poches. Elles réduisent le revenu disponible des ménages et les dépenses privées. Si les dépenses du gouvernement représentent un fort pourcentage du PIB, les dépenses privées n'en seront que plus faibles.
Les guerres sont-elles bénéfiques pour l'économie ? Si le PIB réel canadien a fortement augmenté entre 1914 et 1918, puis entre 1940 et 1945, c'est parce que le gouvernement a augmenté ses dépenses sans augmenter les taxes. Il a donc diminué son épargne (T - G) et son solde budgétaire. Autrement dit, il a augmenté ses dépenses et remis l'augmentation des impôts à plus tard. Une telle politique stimule l'économie à court terme, mais quelqu'un devra payer un jour pour cette hausse des dépenses. À titre d'exemple, le ratio (dette fédérale / PIB) était d'environ 125 % en 1946, suite à la Seconde guerre mondiale : la génération d'après 1945 a été lourdement taxée en raison de l'endettement du gouvernement.
La conclusion est claire : à chaque fois que le gouvernement envisage de nouvelles dépenses, on devrait se demander si la valeur des ressources utilisées est inférieure ou supérieure à la valeur de ce qu'il produit. Un programme par lequel le gouvernement embauche la moitié des chômeurs pour creuser un immense trou, et l'autre moitié pour le remplir, sans augmenter tout de suite les impôts, fait augmenter la demande agrégée et le PIB. Même chose pour une guerre. Mais ces dépenses ne produisent rien d'utile. D'un autre côté, des dépenses publiques en infrastructures, en éducation, en recherche et développement auraient le même impact sur le PIB, tout en augmentant la productivité et le niveau de vie à long terme. Même chose pour une réduction des impôts. Et ces derniers choix augmentent le bien-être, ce qui n'est pas le cas de la guerre.

samedi 6 septembre 2008

L'économie US est-elle en récession ?








Mise à jour d'un blog de juin passé :


On entend (ou on lit) ces jours-ci des commentaires contradictoires sur l'état de l'économie US. Est-elle ou non en récession ?

Rappelons la définition habituelle d'une récession : une période d'au moins 2 trimestres d'affilé avec une croissance négative du PIB réel.

Même si elle est anémique, la croissance est légèrement positive jusqu'à date. Regardez le graphique ci-haut, tiré de la revue National Economic Trends, de la Fed de St-Louis d'août 2008. Remarquons qu'il est possible que la croissance soit négative au 3e trimestre (qui commençait le 1er juillet), ainsi qu'au trimestre suivant, mais on n'a pas encore les chiffres. Donc, ils sont peut-être en récession, mais on ne le saura qu'à l'hiver.

Dans les faits, les économies européennes semblent plus mal en point que l'économie américaine. Voir à ce propos le tableau , tiré de la revue The Economist du 6 septembre 2008. On y voit, en haut et à gauche, que la croissance du dernier trimestre dans la zone euro est négative.

Notons aussi que, en raison de la croissance naturelle de la main-d'oeuvre et de celle de la productivité, dès que la croissance économique tombe sous un certain niveau (au Canada, environ 2,5 % en moyenne), le taux de chômage augmente, même si la croissance reste positive. Un taux de chômage à la hausse n'est donc pas nécessairement l'indice d'une récession.

mardi 19 août 2008

La balance du compte courant

Voici un ajout à la seconde édition de Mankiw/Belzile, en préparation. Il porte sur le compte courant.

Les sorties nettes de capitaux (SNC) représentent la différence entre la valeur en dollars des actifs étrangers achetés par les résidents nationaux et la valeur en dollars des actifs nationaux achetés par les étrangers. Ainsi, lorsqu'un Mexicain dépense 100$ pour acheter 10 actions de la société Tim Hortons (à 10$ par action), il se produit une entrée de capitaux financiers de 100$ au Canada. Lorsqu'un Canadien dépense 160$ pour acheter 40 actions de Telmex, la société mexicaine de téléphone (à 4$ par action), il y a plutôt une sortie de capitaux de 160$ du Canada. L'effet net de ces deux transactions est une sortie nette de capitaux de 60$.

Une autre paire de flux financiers sera éventuellement associée à ces deux transactions portant sur des actions. Plus tard, Tim Hortons paiera sans doute des dividendes au Mexicain qui a acheté 10 de ses actions. Supposons que le dividende représente 3 pourcent du prix des actions : le paiement des dividendes provoquera une sortie future de capitaux financiers de 0.30$ par action, ou 3$ au total. De la même façon, il est possible que Telmex verse un dividende au Canadien qui a acheté de ses actions. Supposons un dividende de 5% : le Canadien recevra alors 0.20$ par action ou un total de 8$. Ces deux paiements (par Tim Hortons et Telmex) résulteront en une entrée nette de dividendes de 5$. D'autres transactions peuvent aussi se dérouler, par exemple des achats et des ventes d'obligations. Ces échanges mèneront plus tard à des paiements d'intérêt.

Nous tenons compte des achats d'actions (qui dans notre exemple résultent en une sortie nette de capitaux de 60$) dans notre mesure de la sortie nette de capitaux (SNC). Mais comment tenir compte des flux de capitaux financiers résultant des paiements de dividendes futurs ? Même chose pour les achats d'obligations : nous en tenons compte dans la sortie nette de capitaux, mais que faire avec les flux de capitaux financiers résultant des paiements d'intérêt futurs ?

La réponse est simple : ils sont mesurés dans la balance du compte courant. On définit la balance du compte courant ainsi :

Balance du compte courant = Exportations nettes + Entrée nette de dividendes et d'intérêts

Ainsi, la balance du compte courant mesure les paiements reçus de l'étranger en échange de biens et de services (incluant les intérêts et les dividendes) moins les paiements analogues faits aux étrangers. Nous avons déjà discuté de la partie la plus importante du compte courant, lorsque nous avons abordé les exportations, les importations et les exportations nettes. Nous n'avions cependant pas discuté explicitement des flux nets de dividendes et d'intérêts, et ce pour deux raisons. Premièrement, ils sont petits lorsqu'on les compare aux sorties nettes de capitaux qui sont à leur origine (dans notre exemple précédent, la sortie nette de capitaux de 60$ produit une entrée nette de dividendes future de seulement 5$). Deuxièmement, parce que le flux de paiements de dividendes et d'intérêts ne se produit que plus tard et continue pour plusieurs périodes (tant que le Canadien possède les actions de Telmex et que le Mexicain possède celles de Tim Hortons), l'analyse des effets d'événements qui peuvent créer une sortie nette de capitaux s'en trouve compliquée. Pour ces raisons, la deuxième partie de la balance du compte courant est souvent ignorée dans l'analyse de base des économies ouvertes. Notons cependant que, dans la figure 12.1, les recettes d'intérêt et de dividendes ont été incluses dans les exportations, alors que les paiements d'intérêt et de dividendes ont été inclus dans les exportations.

Les étudiants plus « allumés » auront peut-être d'ailleurs remarqué que la différence entre le PIB et le PNB tient justement dans les paiements internationaux d'intérêts et de dividendes. Pour calculer le PNB, on part du PIB et l'on soustrait les revenus versés à des non-résidents, puis l'on ajoute la valeur des revenus provenant de l'étranger et reçus par les résidents canadiens. En fait, lorsque l'on utilise le concept de PNB, le compte courant est par définition égal aux exportations nettes.

samedi 26 juillet 2008

Bombardier et les subventions aux entreprises

À partir d'un très bon texte de Pierre Lemieux sur les subventions à Bombardier, allez voir le débat intéressant qui suit sur les effets de telles politiques. Particulièrement, les commentaires de David. Tout cela nous ramène à Frédéric Bastiat (1801-185), qui a abondamment discuté de "ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas". Plusieurs de ses textes peuvent éclairer ce débat sur l'utilité de subventionner une activité, dont Les travaux publics et Un profit contre deux pertes.

Voici un commentaire que j'ai ajouté au fil de discussion :

Selon JNH, "En effet, ces subventions sont nécessaires. Aucune, je dis bien aucune industrie de la taille de Bombardier dans le domaine aéronautique ne peut se vanter de réussir sans subventions. Aux États-Unis, Boeing reçoit ses subventions sous forme de contrat de R&D militaire." Et selon Richard, "La plupart des autres constructeurs aéronautiques (Boeing, Airbus, Sukhoi..) dépendent des juteux contrats militaires pour rentabiliser leur branche commerciale, ce que Bombardier ne peut profiter (sic) de par l’absence d’une armée de l’air avec des poches sans fond...".

En fait, les subventions militaires n'ont pas grand chose à voir avec la concurrence en aviation civile. À moins que la recherche militaire subventionnée ne soit directement utilisable au civil par l'entreprise, les profits d'une branche militaire n'ont pas d'impact sur les profits de la branche civile. Comment pourrait-on comprendre qu'une firme qui fait, disons, 5 milliards en profits militaires, choisisse de perdre de l'argent dans le domaine civil ? C'est un peu comme si Toyota décidait que, comme elle fait des profits avec la production de voitures, elle va maintenant commencer à produire en plus des bicyclettes, alors qu'elle est certaine de perdre de l'argent éternellement dans ce domaine. Je ne pense pas que les actionnaires soient ravis de cette possibilité.

Le bottom line est simple : on produit des avions civils si c'est rentable, donc si la valeur des avions est supérieure à la valeur des ressources qu'on y consacre. Si la seule façon de le faire, c'est grâce à des subventions, on est en train de détruire de la valeur. On n'est certainement pas en train de devenir plus prospères... (sauf les actionnaires subventionnés de Bombardier).

Finalement, un mot sur la possibilité que la recherche militaire, de Boeing par exemple, ait pour effet de baisser ses coûts de production d'avions civils. Dans ce cas, on a affaire à une externalité de production positive : il est moins coûteux de produire deux types de biens qu'un seul. Pierre Lemieux m'a fait remarquer, de façon très juste à mon avis, que Boeing serait dans ce cas plus efficient et produirait des avions civils avec moins de ressources que Bombardier. La logique de l'avantage comparatif nous amène à une conclusion claire : que Bombardier aille faire autre chose.

mercredi 9 juillet 2008

À mort les cartels ? OK, mais tous ! (La Presse, 11 juillet 2008)

On discute ces jours-ci de la disparition éventuelle du système de gestion de l’offre des produits agricoles au Canada. Il y a quelques semaines, les journaux rapportaient que le Bureau de la concurrence avait mis à jour une conspiration contre le public, alors que 13 personnes et 11 entreprises ont été accusées d’avoir formé un cartel dans le marché de l’essence à Sherbrooke, Magog, Thetford Mines et Victoriaville. Quel lien y a-t-il entre ces deux événements ? Pour répondre à cette question, il est utile de comprendre ce qu’est un cartel.

Un cartel est un regroupement de producteurs qui s’entendent pour maintenir les prix élevés, en réduisant la concurrence. Ceci peut leur permettre d’augmenter leurs profits en émulant le comportement d’un monopole. Notons qu’un monopole et un cartel (qui fonctionne), c’est du pareil au même. Les deux conduisent à une réduction de la production et à une hausse des prix.

Évidemment, on a pu voir le public s’émouvoir d’un tel comportement chez les détaillants d’essence et réclamer plus de vigilance de la part du gouvernement, ainsi que des pénalités exemplaires pour les coupables. À raison, car la concurrence est essentielle au bon fonctionnement du marché.

Il y a, en fait, deux façons pour des producteurs d’obtenir moins de concurrence et plus de profits. Premièrement, ils peuvent tenter de former un cartel. Mais c’est compliqué, car les cartels sont instables et ... illégaux. En effet, une fois le cartel formé, chacun a intérêt à tricher, en profitant de la réduction de la concurrence des autres pour augmenter la sienne. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les entreprises fautives dans le domaine de l’essence se situent là où le nombre de concurrents est faible : il est plus facile de s’entendre à cinq, en région, qu’à mille à Montréal. Et il y a toujours le danger de se faire prendre la main dans le sac.

Deuxièmement, les firmes peuvent former une association, financée par ses membres, qui fera du lobbying, afin d'obtenir une loi qui contraindra tout le monde à réduire la concurrence. D'où les lois sur la gestion de l’offre en agriculture. La gestion de l’offre, c’est très simple : pour produire un bien, le lait par exemple, il faut détenir un permis. On limite le nombre de permis, ce qui réduit la production et permet de maintenir des prix élevés. Comme le gouvernement impose lui-même le système des quotas, par la coercition, tout est réglé.

Il est particulièrement cocasse de voir que les entreprises pétrolières accusées d’avoir formé un cartel auraient tout simplement dû s’associer pour demander au gouvernement un prix minimum de l’essence. Elles auraient ainsi obtenu, légalement, ce qu’elles tentaient d’avoir par la dissimulation. Ah, mais j’oubliais ! Le prix minimum de l’essence existe déjà au Québec…

Bizarre tout de même, la myopie dont nous faisons preuve face au gouvernement. Les gouvernements sont, en fait, la plus importante source de monopoles et de cartels dans l’économie.

Allons-y avec les cas les plus flagrants de création et de maintien de cartels (et d’arrangements qui aboutissent au même résultat) par les gouvernements : le cartel des producteurs de lait, celui du sirop d’érable, des œufs, de la volaille (limitation de la production par l’émission de quotas), le cartel du taxi (limitation du nombre de permis), les cartes de « compétence » dans les métiers de la construction et les autres cartels syndicaux, etc.. Et tous les secteurs protégés par des politiques commerciales protectionnistes. Finalement, n’oublions pas les monopoles créés par la législation : alcool, électricité, jeux.

Surprise : le gouvernement, par ses lois et règlements, est responsable de la création et du maintien des plus importants cartels dans l'économie. Et d’une importante perte de bien-être pour les consommateurs. Nous devrions donc nous réjouir, et non pas nous inquiéter, devant la possibilité de disparition des cartels agricoles.

dimanche 8 juin 2008

Lectures d'été

Voici quelques suggestions de lectures économiques pour vos vacances :
  • Tyler Cowen, Discover your Inner Economist: Use Incentives to Fall in Love, Survive Your Next Meeting, and Motivate Your Dentist
  • Avinash Dixit and Barry Nalebuff, Thinking Strategically
  • Nathalie Elgrably, La face cachée des politiques publiques
  • Milton Friedman, Capitalism and Freedom
  • Tim Harford, The logic of Life
  • Tim Harford, The Undercover Economist
  • Steven Lansburg, More Sex Is Safer Sex: The Unconventional Wisdom of Economics
  • John McMillan, Reinventing the Bazaar
  • Johan Norberg, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste
  • Russell Roberts, The Choice: A Fable of Free Trade and Protection
  • Charles Wheelan, Naked Economics

samedi 7 juin 2008

La rationalité économique

Les économistes postulent en général que les humains sont rationnels. Pas que chacun des gestes de chaque personne est pesé et réfléchi, mais plutôt que, en moyenne, les gens cherchent de la meilleure façon possible à atteindre leurs objectifs. Ainsi, on peut prévoir que les gens réagiront aux incitatifs (par exemple, si le coût de renonciation d'une action quelconque augmente, les personnes entreprendront moins cette action). À ce sujet, voir un de mes posts précédents.

Un débat intéressant s'est tenu récemment à ce sujet entre Tim Harford, un tenant de l'approche orthodoxe et Dan Ariely, qui fait de la recherche en économie béhaviorale. Ils viennent chacun de publier un livre qui éclaire la position économique et celle des psychologues.

Hillary et Bastiat

Avec deux ans de retard (!), je viens de lire ce texte. On y indique que la sénatrice Hillary Clinton a appuyé une proposition visant à rendre réelle la fameuse "Pétition des marchands de chandelles" de Frédéric Bastiat, une des plus fameuses parodies de la science économique.

Last month, Sen. Hillary Rodham Clinton and nine colleagues (ranging from Barbara Boxer to Tom Coburn) endorsed a petition from — you guessed it — the domestic candlemaking industry asking the secretary of commerce to impose a 108.3 percent tariff on Chinese candle producers.

La réalité dépasse quelques fois la fiction !

L'économie américaine est-elle en récession ?













On entend (ou on lit) ces jours-ci des commentaires contradictoires sur l'état de l'économie US. Est-elle ou non en récession ? Rappelons la définition habituelle d'une récession :

Une période d'au moins 2 trimestres d'affilé avec une croissance négative du PIB réel.

Même si elle est anémique, la croissance est légèrement positive jusqu'à date. Regardez le graphique ci-haut, tiré de la revue National Economic Trends, de la Fed de St-Louis de juin 2008. Il est cependant possible que la croissance soit négative au 2e trimestre (qui se termine le 30 juin), ainsi qu'au trimestre suivant, mais on n'a pas encore les chiffres. Donc, ils sont peut-être en récession, mais on ne le saura qu'à l'automne.

Notons aussi que, en raison de la croissance naturelle de la main-d'oeuvre et de celle de la productivité, dès que la croissance économique tombe sous un certain niveau (au Canada, environ 2,5 % en moyenne), le taux de chômage augmente, même si la croissance reste positive. Un taux de chômage à la hausse n'est donc pas nécessairement l'indice d'une récession.

vendredi 6 juin 2008

Mon cours en Chine

Pas évident, d'enseigner en chinois avec la traduction simultanée !









Dans le Zheijiang







Un parc naturel, près de Ningbo, Zheijiang.




J'étais là !




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L'analyse de sujets "spéciaux" par des économistes

Les économistes utilisent souvent leur méthodologie rigoureuse pour s'intéresser à toutes sortes de sujets :

L'économie de l'amour ;

La prostitution et le mariage ;

L'économie de l'extase ;

Et on pourrait ajouter des textes sur les taxes sur le tabac et l'obésité, le prix de l'essence et l'obésité, etc...

Des chroniques très intéressantes

Sur d'autres blogs, une sélection de chroniques économiques sur des sujets d'actualité :

La hausse mondiale des prix des aliments;

Les prix de l'essence;

L'économie des clubs de danseuses;

jeudi 5 juin 2008

Très bon texte sur Hayek

Voici un très bon texte sur "The Road to Serfdom", de Friedrich Hayek.

dimanche 25 mai 2008

En route pour la Chine

En route pour Vancouver.
Les rocheuses, près de Vancouver.
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mardi 8 avril 2008

On triche dans les supermarchés !

Récemment, le Journal de Montréal publiait un article intitulé "On triche dans les supermarchés" (18 mars 2008). Le président de l’Association des détaillants en alimentation (ADA), M. Florent Gravel, s'y plaignait que des détaillants ne respectent pas la réglementation québécoise sur le nombre d'employés en dehors des heures d'ouverture "normales" des commerces.

Pour comprendre la sortie publique de Florent Gravel, il faut retourner à l'économiste Mancur Olson et à son livre "The logic of collective action" (Harvard University Press, 1971, ISBN-13: 978-0674537514).

L’Association des détaillants en alimentation produit des biens publics pour ses membres, c'est-à-dire des biens pour lesquels on ne peut pas exclure un resquilleur.

Le bien auquel M. Gravel s'intéresse ici est la limitation des heures d'ouverture et de la concurrence, qui permet d'augmenter les profits des membres par une baisse des coûts. Individuellement, chaque détaillant est incité à ouvrir plus longtemps et à employer suffisamment de personnes pour satisfaire la clientèle. Lorsque tous le font, les clients sont heureux, mais les détaillants font moins de profits.

Il y a deux solutions possibles à ce jeu entre les firmes.

Premièrement, elles peuvent tenter de former un cartel. Mais les cartels sont illégaux et ... instables. En effet, chacun a intérêt à tricher en profitant de la réduction de la concurrence pour augmenter la sienne.

Deuxièmement, les firmes peuvent former une association, financée par ses membres, qui fera du lobbying afin d'obtenir une loi qui contraindra tout le monde à réduire la concurrence. D'où la loi sur les heures d'ouverture. Évidemment, lorsque l'on produit un tel bien public, il faut policer l'entente afin d'éliminer le resquillage. Si le gouvernement le fait, par la coercition, tout est réglé.

Surprise : le gouvernement, par ses règlements, est sans doute responsable de la création et du maintien des plus importants cartels dans l'économie.

lundi 3 mars 2008

Les gens réagissent aux incitations

Une des premiers principes examinés lors d'un cours d'introduction à la microéconomie peut se lire ainsi : les gens réagissent aux incitations. Cette hypothèse assez forte sur le comportement humain se vérifie à tous les jours : les gens mettent de la monnaie dans les parcomètres car l'espérance du coût de l'amende est plus élevée que le coût du stationnement ; les étudiants font les exercices notés plus que ceux qui sont suggérés ; les vendeurs itinérants vendent plus lorsqu'on les rémunère en fonction des ventes, etc...

Un économiste, Richard B. McKenzie, a poussé cet argument plus loin, dans un article récent dans le Wall Street Journal : " So I heeded the suggestion of Tyler Cowen, an economist at George Mason University, and cooked up my own "Economist Weight-Loss Incentive Plan": I contracted with a friend to pay her $500 if I had not lost nine pounds at the end of 10 weeks. I and a witness (my friend's husband) signed the pact. My friend similarly obligated herself to take the payment and to spend it on herself. She affirmed her solemn pledge with her signature, witnessed by her husband (with a big grin)."

En fait, je soupçonne qu'un tel contrat est plus efficace qu'un plan "Weight Watchers" qui coûterait la même chose.

Un économiste de Yale, Dean Karlan, a récemment fait un pas de plus en créant une entreprise pour créer et administrer des contrats incitatifs pour atteindre des objectifs personnels : perdre du poids, cesser de fumer, de se ronger les ongles, etc...

Incidemment, M. McKenzie a perdu 5 livres de plus que ce qu'il s'était engagé à perdre.

Ces "intellectuels" qui nous influencent

Mario Roy signait aujourd'hui un éditorial dans la Presse, dans lequel il s'étonnait des propos récents de Marion Cotillard : "Comment des gens qui ont autant de talent, qui sont capables d'autant d'intelligence dans l'exercice d'un art donné, peuvent-ils en d'autres matières manifester un esprit aussi indigent?"

Justement. Marion Cotillard est une ACTRICE. Elle ne connaît probablement strictement rien à la politique, l'écologie (même si elle est porte-parole de Green Peace) ou l'économie. De toute évidence, Mlle Cotillard est plutôt une (jolie) tête de linotte.

De la même façon, Roy Dupuis n'est ni un héros militaire, ni un joueur de hockey mythique. Richard Desjardins, Sean Penn, Madonna ou Pierre Falardeau sont chanteur, comédien ou cinéaste subventionné. Sean Penn fait peut-être des millions, mais c'est parce qu'il a un talent d'acteur et sait se vendre. Pas parce qu'il est un expert de l'économie, de la géo-politique ou du terrorisme.

Malheureusement, beaucoup de gens accordent de l'importance aux opinions de ces personnes. C'est facile de prendre une position publique. Et payant au niveau des relations publiques. Les groupes ou partis politiques qui tentent de tirer parti de la célébrité d'un artiste qui les appuie, le font parce qu'il y a un intérêt mutuel. Mais ils le font aussi à leurs risques et périls (aimeriez-vous avoir été appuyé par Mlle Cotillard ?).

Les artistes peuvent avoir des opinions très fortes ou des intérêts personnels à défendre. Mais leur opinion ne vaut pas mieux que celle de n'importe qui. Ne l'oublions pas.

dimanche 2 mars 2008

Quelques réflexions sur la redistribution des revenus

Le temps des impôts approchant à grands pas au Canada, je vous propose un « thought experience » que je mène régulièrement avec mes étudiants, dans un cours d’économie du bien-être et de la taxation.

L’État nous oblige à lui verser à chaque année des sommes importantes sous toutes sortes de formes (impôts sur le revenu, taxes diverses, impôts sur la richesse foncière), dont une part importante ne sert pas à produire des biens « publics », mais est plutôt redistribué. Bien peu de gens remettent en question cette notion même de redistribution des revenus.

Mes discussions avec mes étudiants m’amènent à croire que le soutien à ces politiques (ou l’apathie généralisée) relève plus d’une forme de conditionnement ou d’habitude que d’un soutien théorique ou moral profond.

Voici comment j’approche le problème avec mes étudiants : en début de séance de cours, je propose à ma classe que l’on procède à une redistribution des points accumulés par chacun au cours du trimestre. Ainsi, ceux qui auront performé bien mieux que la médiane céderont des points à leurs collègues « moins fortunés ». La moyenne ne changera pas, mais les notes n’iront plus de E à A+. Les meilleurs ne pourront plus espérer qu’un B+ et les plus faibles obtiendront un C-.

Assez rapidement, « hell breaks loose » ! La plus grande part des étudiants sont en pétard face à ce qu’ils voient comme une injustice. Parmi leurs objections, notons :

« Je travaille fort. Ce sont mes notes. Pourquoi devrais-je en céder à ceux qui travaillent moins ? »
« On encourage ainsi le resquillage, i.e. certains travailleront moins fort et se contenteront d’un C-, aux dépens des autres »
« La moyenne diminuera, car tous feront face à des incitations moins fortes pour performer »

Et ils réalisent très vite que c’est ce qui se produit avec le système de taxes-redistribution. Les taxes ne sont pas neutres. Nous sommes collectivement plus pauvres lorsque l’État s’ingère dans nos vies en taxant ceux qui travaillent fort.

En fait, le cas des taxes est bien plus grave que celui des notes. En plus de diminuer l’incitation à travailler et à entreprendre, les taux marginaux de taxation élevés réduisent l’investissement sous toutes ses formes (en capital physique, en innovation et en éducation). Y aurait-il beaucoup d’étudiants à HEC si tous occupaient un emploi semblable et gagnaient la même chose, quelque soit la diplômation ? Mes étudiants, qui font face à un coût d’opportunité élevé en étudiant, ne s’y trompent pas.

Ce texte se retrouve aussi sur le blogue du Québécois libre : http://www.leblogueduql.org/2008/03/quelques-rflexi.html

vendredi 29 février 2008

Tocqueville et la liberté

Publié pour la première fois en 1840, ce texte n'a pas perdu de son actualité, en ces temps de despotisme "soft", où les gouvernements savent ce qui est bon pour nous et nous l'imposent. Voilà pourquoi Tocqueville fait toujours partie du curriculum aux États-Unis. Tocqueville est malheureusement négligé chez nous.

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique (1840), vol II (Quatrième Partie, Chapitre VI)

Quelle espèce de despotisme les nations démocratique ont à craindre

Lorsque je songe aux petites passions des hommes de nos jours, à la mollesse de leurs moeurs, à l'étendue de leurs lumières, à la pureté de leur religion, à la douceur de leur morale, à leurs habitudes laborieuses et rangées, à la retenue qu'ils conservent presque tous dans le vice comme dans la vertu, je ne crains pas qu'ils rencontrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs. Je pense donc que l'espèce d'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l'a précédée dans le monde; nos contemporains ne sauraient en trouver l'image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et la renferme; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tacher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-la s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre?

C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

J'ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu'on ne l'imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu'il ne lui serait pas impossible de s'établir a l'ombre même de la souveraineté du peuple.

Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies: ils sentent le besoin d'être conduits et l'envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l'un ni l'autre de ces instincts contraires, ils s'efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d'être en tutelle, en songeant qu'ils ont eux mêmes choisi leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu'on l'attache, parce qu'il voit que ce n'est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.

Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.

II y a, de nos jours, beaucoup de gens qui s'accommodent très aisément de cette espèce de compromis entre le despotisme administratif et la souveraineté du peuple, et qui pensent avoir assez garanti la liberté des individus, quand c'est au pouvoir national qu'ils la livrent. Cela ne me suffit point. La nature du maître m'importe bien moins que l'obéissance.

Je ne nierai pas cependant qu'une constitution semblable ne soit infiniment préférable à celle qui, après avoir concentre tous les pouvoirs, les déposerait dans les mains d'un homme ou d'un corps irresponsable. De toutes les différentes formes que le despotisme démocratique pourrait prendre, celle-ci serait assurément la pire.

Lorsque le souverain est électif ou surveillé de près par une législature réellement élective et indépendante, l'oppression qu'il fait subir aux individus est quelquefois plus grande; mais elle est toujours moins dégradante parce que chaque citoyen, alors qu'on le gêne et qu'on le réduit à l'impuissance, peut encore se figurer qu'en obéissant il ne se soumet qu'à lui-même, et que c'est à l'une de ses volontés qu'il sacrifie toutes les autres.

Je comprends également que, quand le souverain représente la nation et dépend d'elle, les forces et les droits qu'on enlève à chaque citoyen ne servent pas seulement au chef de l'Etat, mais profitent à l'Etat lui même, et que les particuliers retirent quelque fruit du sacrifice qu'ils ont fait au public de leur indépendance.

Créer une représentation nationale dans un pays très centralisé, c'est donc diminuer le mal que l'extrême centralisation peut produire, mais ce n'est pas le détruire.

Je vois bien que, de cette manière, on conserve l'intervention individuelle dans les plus importantes affaires; mais on ne la supprime pas moins dans les petites et les particulières. L'on oublie que c'est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes. Je serais, pour ma part, porté à croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres, si je pensais qu'on put jamais être assuré de l'une sans posséder l'autre.

La sujétion dans les petites affaires se manifeste tous les jours et se fait sentir indistinctement à tous les citoyens. Elle ne les désespère point; mais elle les contrarie sans cesse et elle les porte à renoncer à l'usage de leur volonté. Elle éteint peu à peu leur esprit et énerve leur âme, tandis que l'obéissance, qui n'est due que dans un petit nombre de circonstances très graves, mais très rares, ne montre la servitude que de loin en loin et ne la fait peser que sur certains hommes. En vain chargerez-vous ces mêmes citoyens, que vous avez rendus si dépendants du pouvoir central, de choisir de temps à autre les représentants de ce pouvoir; cet usage si important, mais si court et si rare, de leur libre arbitre, n'empêchera pas qu'ils ne perdent peu à peu la faculté de penser, de sentir et d'agir par eux-mêmes, et qu'ils ne tombent ainsi graduellement au-dessous du niveau de l'humanité.

J'ajoute qu'ils deviendront bientôt incapables d'exercer le grand et unique privilège qui leur reste. Les peuples démocratiques qui ont introduit la liberté dans la sphère politique, en même temps qu'ils accroissaient le despotisme dans la sphère administrative, ont été conduits à des singularités bien étranges. Faut-il mener les petites affaires où le simple bon sens peut suffire, ils estiment que les citoyens en sont incapables; s'agit-il du gouvernement de tout l'Etat, ils confient à ces citoyens d'immenses prérogatives; ils en font alternativement les jouets du souverain et ses maîtres, plus que des rois et moins que des hommes. Après avoir épuisé tous les différents systèmes d'élection, sans en trouver un qui leur convienne, ils s'étonnent et cherchent encore; comme si le mal qu'ils remarquent ne tenait pas a la constitution du pays bien plus qu'a celle du corps électoral.

Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l'habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire; et l'on ne fera point croire qu'un gouvernement libéral, énergique et sage, puisse jamais sortir des suffrages d'un peuple de serviteurs.

Une constitution qui serait républicaine par la tête, et ultra-monarchique dans toutes les autres parties, m'a toujours semblé un monstre éphémère. Les vices des gouvernants et l'imbécillité des gouvernés ne tarderaient pas à en amener la ruine; et le peuple, fatigué de ses représentants et de lui-même, créerait des institutions plus libres, ou retournerait bientôt s'étendre aux pieds d'un seul maître.

Le monopole public de l'éducation

Dans un article paru le 26 février dans la Presse, la journaliste Émilie Côté faisait état des recherches de deux économistes académiques canadiens très connus (David Green et Craig Riddell, de UBC), sur la littératie des adultes canadiens. Leurs conclusions sont plutôt déprimantes :

"Les habiletés de lecture des jeunes Canadiens sont plus faibles que celles que leurs aînés avaient au même âge et au même niveau de scolarité, révèle une enquête rendue publique hier par Statistique Canada. Surtout chez les personnes les plus scolarisées."

Le système communiste a fini par imploser, victime de l'inefficience des monopoles d'État. Comment peut-on encore croire que le monopole public de l'éducation puisse apporter des résultats positifs ? À plusieurs endroits, des expériences ont démontré que rendre aux parents la liberté de décider de l'éducation de leurs enfants (du moins, en partie) est positif. La concurrence est TOUJOURS bonne ! Un exemple récent, en Suède, montre qu'on peut le faire asssez aisément. Aux États-Unis, l'expérience des Charter schools s'est avérée très positive pour les enfants.

Et la fameuse xième réforme de l'Éducation, dont personne ne semble vouloir, à part les bureaucrates du ministère, disparaîtrait bien vite si les écoles étaient libres et en concurrence les unes avec les autres.

jeudi 28 février 2008

Quelques suggestions de lectures sur la mondialisation

Des économistes écrivent quelques fois, entre deux articles académiques, des bouquins extrèmement intéressants et abordables sur les sujets qu'ils connaissent bien. Voici quelques suggestions de lectures estivales sur la mondialisation :

§Bahgwati, Jagdish, In Defense of Globalization, Oxford U. Press, 2004. Un livre abordable, écrit par un des meilleurs chercheurs en économie internationale.

§Fourçans, André, La mondialisation racontée à ma fille, Éditions du Seuil, 2007. Le plus simple à lire, écrit sous la forme d'une conversation entre un père et sa fille.

§Legrain, Philippe, Open World : The Truth About Globalization, Abacus, 2002. Excellent livre de l'ancien éditeur sur la mondialisation du magazine The Economist. Plein d'exemples concrets et d'entrevues.

§Legrain, Philippe, Immigrants : Your Country Needs Them, Little Brown, 2007. Legrain croit aux bienfaits de l'ouverture des frontières. Une défense intelligente.

§Norberg, Johan, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, Éditions St-Martin, 2003. Un vibrant plaidoyer en faveur du capitalisme, de la liberté et de l'ouverture.

§Roberts, Russell, The Choice: A Fable of Free Trade and Protection, Prentice Hall, 2006. Un roman éducatif : "David Ricardo comes to life to discuss international trade theory and policy with Ed Johnson, a fictional American television manufacturer seeking trade protection from television manufacturers. Their dialogue is a sophisticated, rigorous discussion of virtually every major issue in trade theory and policy. To illustrate the positive and normative effects of international trade and trade policy, Ricardo takes the reader and Ed Johnson into the future to see an America of free trade and an America of complete self-sufficiency. The fictional element brings these topics to life so that students gain the intuition and understanding of how trade changes the lives of people and the industries they work in. The fundamental intuition of how international markets function including general equilibrium effects and policy analysis is provided." (Amazon.ca)

§Wolf, Martin, Why Globalization Works, Yale U. Press, 2004. Le meilleur, à mon avis. De l'économiste en chef du Financial Times.

Introduction au marché politique

Beaucoup de Canadiens qui suivent l'actualité américaine ont sans doute été surpris d'apprendre que les deux candidats à l'investiture démocrate, Barak Obama et Hillary Clinton, ont promis de retirer les USA de l'ALENA à moins d'une renégociation complète de l'accord, sur des termes plus favorables aux Américains. Surtout aux travilleurs américains.

Que faut-il en penser ?

Les primaires américaines sont à l'heure actuelle centrées sur l'Ohio et le Texas. Or, l'Ohio est souvent considéré comme un état de "cols bleus". Et cet état a été touché de plein fouet par la réduction de l'emploi dans le secteur manufacturier des pays développés (perte nette de 185 000 emplois manufacturiers en Ohio, surtout syndiqués, depuis 5 ans).

Faut-il blâmer l'ALENA ? En fait, cet accord est un grand succès, qui n'est remis en question que par des groupes d'intérêts particuliers (syndicats, groupes environnementaux). En Ohio même, le taux de chômage a diminué depuis 1994, l'année de l'entrée en vigueur du traité, les exportations ont augmenté de 10 % par année et la production manufacturière est 6 % plus élevée qu'en 1992. Pour les États-Unis, le taux de chômage moyen pour les 13 ans avant l'ALENA était de 7,1 %, contre 5,1 % pour les 13 ans de l'accord.

Il faut chercher ailleurs les raisons des attaques récentes contre l'entente nord-américaine : beaucoup de travailleurs Américains ont peur de la concurrence des pays à faibles salaires (surtout la Chine). Et on n'est pas élu en promettant des politiques intelligentes, mais plutôt en formant des coalitions de voteurs, qui tiennent fortement à une politique dont les bénéfices sont concentrés sur eux, aux dépens de la majorité, qui fait preuve d'ignorance rationnelle.

Malheureusement pour beaucoup de naïfs, Obama n'est pas mieux intentionné ou plus franc que les autres. Il veut, lui aussi, être élu. Et il prend les moyens pour y arriver. Selon le réseau CTV :

"But Mr. Obama's rhetoric on the subject may be just that, CTV News reported last night. Citing Canadian sources, the network said that a senior member of Mr. Obama's campaign team called Canada's U.S. ambassador, Michael Wilson, within the past month, warning him that Mr. Obama would be taking some "heavy swings" at NAFTA in the campaign.
"Don't worry, ... it's just campaign rhetoric, ... it's not serious," CTV reported the campaign official as saying."


Bienvenue dans le marché politique.

mercredi 27 février 2008

Débats agricoles

Je participe quelques fois à des débats portant sur des questions économiques, souvent avec des non-économistes. Certains collègues me le reprochent, notant que je perds mon temps. Je crois, quant à moi, qu'il est important pour les économistes de ne pas laisser toute la place à ceux qui ont un intérêt particulier à défendre.

C'est souvent un choc pour les membres de groupes organisés d'entendre un son de cloche auquel ils ne sont pas habitués. Annoncer la fin prochaine de la gestion de l'offre canadienne à des gens qui prônent son extension sur toute la planête ne rend pas le messager très sympathique. Un exemple :

Libéralisme économique ou souveraineté alimentaire?
Thierry Larivière, La Terre de chez nous
21 février 2008
redaction@laterre.ca

Devrait-on abandonner la gestion de l’offre et même laisser tomber la production agricole de masse en sol canadien pour concentrer notre économie sur des secteurs plus rentables?

C’est en tout cas une conclusion qu’on peut tirer des arguments du libéralisme économique à laquelle s’oppose farouchement André D. Beaudoin, secrétaire général d’UPA DI.


M. Beaudoin s’exprimait lors d’un débat organisé par La Terre de chez nous, le 6 février dernier, dans le cadre d’un souper-causerie à la table champêtre Au fin palais de Sir Antoine qui prenait pour point de départ la publication de son livre L’Ombre de l’espoir. Six lecteurs de la Terre avaient également été invités pour participer au débat qui était animé par l’ex-député, Jean-Pierre Charbonneau.

« On ne s’arrête pas vraiment pour comprendre la réalité des autres », a affirmé André D. Beaudoin en parlant des motivations pour écrire son troisième livre. L’Ombre de l’espoir raconte d’ailleurs les difficultés du fils d’un producteur de lait qui souhaite prendre la relève de son père. Ce dernier s’ouvre finalement à son fils, après un anévrisme qui le force à revoir sa façon de faire pendant la convalescence. Les conditions difficiles que vit l’agriculture n’empêcheront pas le père et le fils de garder espoir.

L’auteur déplore d’ailleurs que l’agriculture serve souvent de laboratoire pour tester des théories économiques avec des conséquences extraordinaires. « Le système capitaliste boude les ressources naturelles et les êtres humains », résume l’agriculteur et auteur. Les produits de première nécessité doivent coûter de moins en moins cher, ce qui appauvrit les agriculteurs du monde entier qui n’ont habituellement pas la force politique suffisante pour résister à cette vague de fond.

Germain Belzile, économiste et professeur aux Hautes études commerciales (HEC), estime de son côté qu’il est tout à fait normal que l’agriculture prenne moins de place à mesure que l’économie d’un pays se développe. Il y a des secteurs en déclin, mais ce n’est pas nouveau et l’économie est en perpétuelle transformation.

« Un des graves problèmes en agriculture, c’est qu’ils ont été assez puissants dans le passé pour s’isoler », estime M. Belzile qui ajoute que les quotas de production ont surtout profité à la première génération qui n’a pas payé pour les obtenir. L’économiste estime que les quotas « vont finir par disparaître» et qu’il faudra alors que les contribuables canadiens remboursent environ 20 milliards de dollars. « Le lait canadien est le plus cher au monde », ajoute M. Belzile.

Tous les détails dans l'édition du 21 février 2008 de La Terre de chez nous.

Source : http://www.laterre.ca/?action=detailNouvelle&menu=9&section=editionCourante&idArticle=5076

Marchés d'information

Depuis quelques années, on assiste au développement de marchés d'information, particulièrement aux États-Unis. Parmi les exemples les plus connus, citons TradeSports.com, Betfair.com et le Iowa Electronic Market. Ces marchés ne sont pas nouveaux : durant la période 1868-1940, des marchés bien organisés permettaient déjà de parier sur les résultats des élections présidentielles américaines.

Essentiellement, le marché organisé par TradeSports permet de créer et d'échanger des titres qui rapporteront au porteur une somme de 100 $ si l'événement prédit se produit. Le grand intérêt de ces marchés réside dans l'hypothèse de la théorie des marchés efficients :

"In a truly efficient prediction market, the market price will be the best predictor of the event, and no combination of available polls or other information can be used to improve on the market-generated forecasts. This statement does not require that all individuals in a market be rational, as long as the marginal trade in the market is motivated by rational traders."
Justin Wolfers and Eric Zitzewitz, Prediction Markets, Journal of Economic Perspectives, Spring 2004.

Et ça marche ! Lors des présidentielles américaines, la valeur des titres sur les Grands Électeurs de chaque état a prédit le bon résultat avec un taux d'efficacité de 100 %. Ce qui m'a permis de laminer mes amis dans un pool sur les élections.

Présentement (le 27 février 2008), la valeur du titre "Obama remporte la nomination démocrate" tourne autour de 84 $, contre 16 $ pour le titre "Clinton remporte la nomination démocrate". Les chances de Hillary Clinton sont encore plus faibles que vous pensez.

"The [Intrade] markets offer a great way to track the market-based consensus on political and current events. People put real money on the line in making predictions, which is better than snap judgments in opinion polls or no-stakes views of pundits."
Tom Gallagher, ISI Group

Source : Guessing Games, The Economist, 18 novembre 2004

mardi 26 février 2008

L'économie politique du changement climatique

Je recommande le texte de la HV McKay Lecture 2007, par Lord Nigel Lawson, à l'Institute of Public Affairs d'Australie, en novembre 2007. Un excellent texte par un sceptique de Kyoto et autres schèmes visant à réduire les émissions de CO2. Mais aussi, une très belle introduction à l'analyse économique des interventions de l'État.

Malheureusement, il est très difficile de tenir une discussion rationelle sur ce thème. Pour beaucoup de gens, le réchauffement climatique causé par les humains est un fait incontestable. Et le contester ou douter du bienfondé de tenter de réduire les émissions de GES fait de vous un hérétique (ou pire).

Le secteur manufacturier canadien

Beaucoup de personnes s'inquiètent des récentes pertes d'emplois dans le secteur manufacturier canadien, particulièrement au Québec et au Canada. Pour relativiser ce phénomène, il suffit de comprendre un certain nombre de choses :
  • La productivité augmente beaucoup plus rapidement dans le secteur manufacturier que dans le secteur des services. Ainsi, même si la part du manufacturier dans le PIB se maintient, il est normal que la part de l'emploi manufacturier dans l'emploi total diminue constamment.
  • À mesure que les niveaux de vie augmentent, avec la croissance du PIB réel par habitant, les personnes choisissent de dépenser une part de plus en plus importante de leur budget en services.
  • La mondialisation amène une spécialisation accrue de la production nationale, en fonction des avantages comparatifs. Or, la Chine et l'Inde, pour ne nommer que ces deux pays en émergence, ont certainement un avantage relatif dans la production de certains biens manufacturés simples à produire. Et la spécialisation accrue canadienne ne correspond pas seulement à l'abandon de certaines productions, mais aussi à l'augmentation ou à la création de nouvelles productions, souvent dans le domaine des services.
  • Les emplois les mieux rémunérés sont dans le domaine des services. On ne fait pas qu'y "flipper" des hamburgers.

Un article intéressant dresse un constat de la situation au Québec et en Ontario.