vendredi 29 février 2008

Tocqueville et la liberté

Publié pour la première fois en 1840, ce texte n'a pas perdu de son actualité, en ces temps de despotisme "soft", où les gouvernements savent ce qui est bon pour nous et nous l'imposent. Voilà pourquoi Tocqueville fait toujours partie du curriculum aux États-Unis. Tocqueville est malheureusement négligé chez nous.

Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique (1840), vol II (Quatrième Partie, Chapitre VI)

Quelle espèce de despotisme les nations démocratique ont à craindre

Lorsque je songe aux petites passions des hommes de nos jours, à la mollesse de leurs moeurs, à l'étendue de leurs lumières, à la pureté de leur religion, à la douceur de leur morale, à leurs habitudes laborieuses et rangées, à la retenue qu'ils conservent presque tous dans le vice comme dans la vertu, je ne crains pas qu'ils rencontrent dans leurs chefs des tyrans, mais plutôt des tuteurs. Je pense donc que l'espèce d'oppression dont les peuples démocratiques sont menacés ne ressemblera à rien de ce qui l'a précédée dans le monde; nos contemporains ne sauraient en trouver l'image dans leurs souvenirs. Je cherche en vain moi-même une expression qui reproduise exactement l'idée que je m'en forme et la renferme; les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent point. La chose est nouvelle, il faut donc tacher de la définir, puisque je ne peux la nommer.

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.

Au-dessus de ceux-la s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre?

C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

J'ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu'on ne l'imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu'il ne lui serait pas impossible de s'établir a l'ombre même de la souveraineté du peuple.

Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies: ils sentent le besoin d'être conduits et l'envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l'un ni l'autre de ces instincts contraires, ils s'efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. Cela leur donne quelque relâche. Ils se consolent d'être en tutelle, en songeant qu'ils ont eux mêmes choisi leurs tuteurs. Chaque individu souffre qu'on l'attache, parce qu'il voit que ce n'est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne.

Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.

II y a, de nos jours, beaucoup de gens qui s'accommodent très aisément de cette espèce de compromis entre le despotisme administratif et la souveraineté du peuple, et qui pensent avoir assez garanti la liberté des individus, quand c'est au pouvoir national qu'ils la livrent. Cela ne me suffit point. La nature du maître m'importe bien moins que l'obéissance.

Je ne nierai pas cependant qu'une constitution semblable ne soit infiniment préférable à celle qui, après avoir concentre tous les pouvoirs, les déposerait dans les mains d'un homme ou d'un corps irresponsable. De toutes les différentes formes que le despotisme démocratique pourrait prendre, celle-ci serait assurément la pire.

Lorsque le souverain est électif ou surveillé de près par une législature réellement élective et indépendante, l'oppression qu'il fait subir aux individus est quelquefois plus grande; mais elle est toujours moins dégradante parce que chaque citoyen, alors qu'on le gêne et qu'on le réduit à l'impuissance, peut encore se figurer qu'en obéissant il ne se soumet qu'à lui-même, et que c'est à l'une de ses volontés qu'il sacrifie toutes les autres.

Je comprends également que, quand le souverain représente la nation et dépend d'elle, les forces et les droits qu'on enlève à chaque citoyen ne servent pas seulement au chef de l'Etat, mais profitent à l'Etat lui même, et que les particuliers retirent quelque fruit du sacrifice qu'ils ont fait au public de leur indépendance.

Créer une représentation nationale dans un pays très centralisé, c'est donc diminuer le mal que l'extrême centralisation peut produire, mais ce n'est pas le détruire.

Je vois bien que, de cette manière, on conserve l'intervention individuelle dans les plus importantes affaires; mais on ne la supprime pas moins dans les petites et les particulières. L'on oublie que c'est surtout dans le détail qu'il est dangereux d'asservir les hommes. Je serais, pour ma part, porté à croire la liberté moins nécessaire dans les grandes choses que dans les moindres, si je pensais qu'on put jamais être assuré de l'une sans posséder l'autre.

La sujétion dans les petites affaires se manifeste tous les jours et se fait sentir indistinctement à tous les citoyens. Elle ne les désespère point; mais elle les contrarie sans cesse et elle les porte à renoncer à l'usage de leur volonté. Elle éteint peu à peu leur esprit et énerve leur âme, tandis que l'obéissance, qui n'est due que dans un petit nombre de circonstances très graves, mais très rares, ne montre la servitude que de loin en loin et ne la fait peser que sur certains hommes. En vain chargerez-vous ces mêmes citoyens, que vous avez rendus si dépendants du pouvoir central, de choisir de temps à autre les représentants de ce pouvoir; cet usage si important, mais si court et si rare, de leur libre arbitre, n'empêchera pas qu'ils ne perdent peu à peu la faculté de penser, de sentir et d'agir par eux-mêmes, et qu'ils ne tombent ainsi graduellement au-dessous du niveau de l'humanité.

J'ajoute qu'ils deviendront bientôt incapables d'exercer le grand et unique privilège qui leur reste. Les peuples démocratiques qui ont introduit la liberté dans la sphère politique, en même temps qu'ils accroissaient le despotisme dans la sphère administrative, ont été conduits à des singularités bien étranges. Faut-il mener les petites affaires où le simple bon sens peut suffire, ils estiment que les citoyens en sont incapables; s'agit-il du gouvernement de tout l'Etat, ils confient à ces citoyens d'immenses prérogatives; ils en font alternativement les jouets du souverain et ses maîtres, plus que des rois et moins que des hommes. Après avoir épuisé tous les différents systèmes d'élection, sans en trouver un qui leur convienne, ils s'étonnent et cherchent encore; comme si le mal qu'ils remarquent ne tenait pas a la constitution du pays bien plus qu'a celle du corps électoral.

Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l'habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire; et l'on ne fera point croire qu'un gouvernement libéral, énergique et sage, puisse jamais sortir des suffrages d'un peuple de serviteurs.

Une constitution qui serait républicaine par la tête, et ultra-monarchique dans toutes les autres parties, m'a toujours semblé un monstre éphémère. Les vices des gouvernants et l'imbécillité des gouvernés ne tarderaient pas à en amener la ruine; et le peuple, fatigué de ses représentants et de lui-même, créerait des institutions plus libres, ou retournerait bientôt s'étendre aux pieds d'un seul maître.

Le monopole public de l'éducation

Dans un article paru le 26 février dans la Presse, la journaliste Émilie Côté faisait état des recherches de deux économistes académiques canadiens très connus (David Green et Craig Riddell, de UBC), sur la littératie des adultes canadiens. Leurs conclusions sont plutôt déprimantes :

"Les habiletés de lecture des jeunes Canadiens sont plus faibles que celles que leurs aînés avaient au même âge et au même niveau de scolarité, révèle une enquête rendue publique hier par Statistique Canada. Surtout chez les personnes les plus scolarisées."

Le système communiste a fini par imploser, victime de l'inefficience des monopoles d'État. Comment peut-on encore croire que le monopole public de l'éducation puisse apporter des résultats positifs ? À plusieurs endroits, des expériences ont démontré que rendre aux parents la liberté de décider de l'éducation de leurs enfants (du moins, en partie) est positif. La concurrence est TOUJOURS bonne ! Un exemple récent, en Suède, montre qu'on peut le faire asssez aisément. Aux États-Unis, l'expérience des Charter schools s'est avérée très positive pour les enfants.

Et la fameuse xième réforme de l'Éducation, dont personne ne semble vouloir, à part les bureaucrates du ministère, disparaîtrait bien vite si les écoles étaient libres et en concurrence les unes avec les autres.

jeudi 28 février 2008

Quelques suggestions de lectures sur la mondialisation

Des économistes écrivent quelques fois, entre deux articles académiques, des bouquins extrèmement intéressants et abordables sur les sujets qu'ils connaissent bien. Voici quelques suggestions de lectures estivales sur la mondialisation :

§Bahgwati, Jagdish, In Defense of Globalization, Oxford U. Press, 2004. Un livre abordable, écrit par un des meilleurs chercheurs en économie internationale.

§Fourçans, André, La mondialisation racontée à ma fille, Éditions du Seuil, 2007. Le plus simple à lire, écrit sous la forme d'une conversation entre un père et sa fille.

§Legrain, Philippe, Open World : The Truth About Globalization, Abacus, 2002. Excellent livre de l'ancien éditeur sur la mondialisation du magazine The Economist. Plein d'exemples concrets et d'entrevues.

§Legrain, Philippe, Immigrants : Your Country Needs Them, Little Brown, 2007. Legrain croit aux bienfaits de l'ouverture des frontières. Une défense intelligente.

§Norberg, Johan, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, Éditions St-Martin, 2003. Un vibrant plaidoyer en faveur du capitalisme, de la liberté et de l'ouverture.

§Roberts, Russell, The Choice: A Fable of Free Trade and Protection, Prentice Hall, 2006. Un roman éducatif : "David Ricardo comes to life to discuss international trade theory and policy with Ed Johnson, a fictional American television manufacturer seeking trade protection from television manufacturers. Their dialogue is a sophisticated, rigorous discussion of virtually every major issue in trade theory and policy. To illustrate the positive and normative effects of international trade and trade policy, Ricardo takes the reader and Ed Johnson into the future to see an America of free trade and an America of complete self-sufficiency. The fictional element brings these topics to life so that students gain the intuition and understanding of how trade changes the lives of people and the industries they work in. The fundamental intuition of how international markets function including general equilibrium effects and policy analysis is provided." (Amazon.ca)

§Wolf, Martin, Why Globalization Works, Yale U. Press, 2004. Le meilleur, à mon avis. De l'économiste en chef du Financial Times.

Introduction au marché politique

Beaucoup de Canadiens qui suivent l'actualité américaine ont sans doute été surpris d'apprendre que les deux candidats à l'investiture démocrate, Barak Obama et Hillary Clinton, ont promis de retirer les USA de l'ALENA à moins d'une renégociation complète de l'accord, sur des termes plus favorables aux Américains. Surtout aux travilleurs américains.

Que faut-il en penser ?

Les primaires américaines sont à l'heure actuelle centrées sur l'Ohio et le Texas. Or, l'Ohio est souvent considéré comme un état de "cols bleus". Et cet état a été touché de plein fouet par la réduction de l'emploi dans le secteur manufacturier des pays développés (perte nette de 185 000 emplois manufacturiers en Ohio, surtout syndiqués, depuis 5 ans).

Faut-il blâmer l'ALENA ? En fait, cet accord est un grand succès, qui n'est remis en question que par des groupes d'intérêts particuliers (syndicats, groupes environnementaux). En Ohio même, le taux de chômage a diminué depuis 1994, l'année de l'entrée en vigueur du traité, les exportations ont augmenté de 10 % par année et la production manufacturière est 6 % plus élevée qu'en 1992. Pour les États-Unis, le taux de chômage moyen pour les 13 ans avant l'ALENA était de 7,1 %, contre 5,1 % pour les 13 ans de l'accord.

Il faut chercher ailleurs les raisons des attaques récentes contre l'entente nord-américaine : beaucoup de travailleurs Américains ont peur de la concurrence des pays à faibles salaires (surtout la Chine). Et on n'est pas élu en promettant des politiques intelligentes, mais plutôt en formant des coalitions de voteurs, qui tiennent fortement à une politique dont les bénéfices sont concentrés sur eux, aux dépens de la majorité, qui fait preuve d'ignorance rationnelle.

Malheureusement pour beaucoup de naïfs, Obama n'est pas mieux intentionné ou plus franc que les autres. Il veut, lui aussi, être élu. Et il prend les moyens pour y arriver. Selon le réseau CTV :

"But Mr. Obama's rhetoric on the subject may be just that, CTV News reported last night. Citing Canadian sources, the network said that a senior member of Mr. Obama's campaign team called Canada's U.S. ambassador, Michael Wilson, within the past month, warning him that Mr. Obama would be taking some "heavy swings" at NAFTA in the campaign.
"Don't worry, ... it's just campaign rhetoric, ... it's not serious," CTV reported the campaign official as saying."


Bienvenue dans le marché politique.

mercredi 27 février 2008

Débats agricoles

Je participe quelques fois à des débats portant sur des questions économiques, souvent avec des non-économistes. Certains collègues me le reprochent, notant que je perds mon temps. Je crois, quant à moi, qu'il est important pour les économistes de ne pas laisser toute la place à ceux qui ont un intérêt particulier à défendre.

C'est souvent un choc pour les membres de groupes organisés d'entendre un son de cloche auquel ils ne sont pas habitués. Annoncer la fin prochaine de la gestion de l'offre canadienne à des gens qui prônent son extension sur toute la planête ne rend pas le messager très sympathique. Un exemple :

Libéralisme économique ou souveraineté alimentaire?
Thierry Larivière, La Terre de chez nous
21 février 2008
redaction@laterre.ca

Devrait-on abandonner la gestion de l’offre et même laisser tomber la production agricole de masse en sol canadien pour concentrer notre économie sur des secteurs plus rentables?

C’est en tout cas une conclusion qu’on peut tirer des arguments du libéralisme économique à laquelle s’oppose farouchement André D. Beaudoin, secrétaire général d’UPA DI.


M. Beaudoin s’exprimait lors d’un débat organisé par La Terre de chez nous, le 6 février dernier, dans le cadre d’un souper-causerie à la table champêtre Au fin palais de Sir Antoine qui prenait pour point de départ la publication de son livre L’Ombre de l’espoir. Six lecteurs de la Terre avaient également été invités pour participer au débat qui était animé par l’ex-député, Jean-Pierre Charbonneau.

« On ne s’arrête pas vraiment pour comprendre la réalité des autres », a affirmé André D. Beaudoin en parlant des motivations pour écrire son troisième livre. L’Ombre de l’espoir raconte d’ailleurs les difficultés du fils d’un producteur de lait qui souhaite prendre la relève de son père. Ce dernier s’ouvre finalement à son fils, après un anévrisme qui le force à revoir sa façon de faire pendant la convalescence. Les conditions difficiles que vit l’agriculture n’empêcheront pas le père et le fils de garder espoir.

L’auteur déplore d’ailleurs que l’agriculture serve souvent de laboratoire pour tester des théories économiques avec des conséquences extraordinaires. « Le système capitaliste boude les ressources naturelles et les êtres humains », résume l’agriculteur et auteur. Les produits de première nécessité doivent coûter de moins en moins cher, ce qui appauvrit les agriculteurs du monde entier qui n’ont habituellement pas la force politique suffisante pour résister à cette vague de fond.

Germain Belzile, économiste et professeur aux Hautes études commerciales (HEC), estime de son côté qu’il est tout à fait normal que l’agriculture prenne moins de place à mesure que l’économie d’un pays se développe. Il y a des secteurs en déclin, mais ce n’est pas nouveau et l’économie est en perpétuelle transformation.

« Un des graves problèmes en agriculture, c’est qu’ils ont été assez puissants dans le passé pour s’isoler », estime M. Belzile qui ajoute que les quotas de production ont surtout profité à la première génération qui n’a pas payé pour les obtenir. L’économiste estime que les quotas « vont finir par disparaître» et qu’il faudra alors que les contribuables canadiens remboursent environ 20 milliards de dollars. « Le lait canadien est le plus cher au monde », ajoute M. Belzile.

Tous les détails dans l'édition du 21 février 2008 de La Terre de chez nous.

Source : http://www.laterre.ca/?action=detailNouvelle&menu=9&section=editionCourante&idArticle=5076

Marchés d'information

Depuis quelques années, on assiste au développement de marchés d'information, particulièrement aux États-Unis. Parmi les exemples les plus connus, citons TradeSports.com, Betfair.com et le Iowa Electronic Market. Ces marchés ne sont pas nouveaux : durant la période 1868-1940, des marchés bien organisés permettaient déjà de parier sur les résultats des élections présidentielles américaines.

Essentiellement, le marché organisé par TradeSports permet de créer et d'échanger des titres qui rapporteront au porteur une somme de 100 $ si l'événement prédit se produit. Le grand intérêt de ces marchés réside dans l'hypothèse de la théorie des marchés efficients :

"In a truly efficient prediction market, the market price will be the best predictor of the event, and no combination of available polls or other information can be used to improve on the market-generated forecasts. This statement does not require that all individuals in a market be rational, as long as the marginal trade in the market is motivated by rational traders."
Justin Wolfers and Eric Zitzewitz, Prediction Markets, Journal of Economic Perspectives, Spring 2004.

Et ça marche ! Lors des présidentielles américaines, la valeur des titres sur les Grands Électeurs de chaque état a prédit le bon résultat avec un taux d'efficacité de 100 %. Ce qui m'a permis de laminer mes amis dans un pool sur les élections.

Présentement (le 27 février 2008), la valeur du titre "Obama remporte la nomination démocrate" tourne autour de 84 $, contre 16 $ pour le titre "Clinton remporte la nomination démocrate". Les chances de Hillary Clinton sont encore plus faibles que vous pensez.

"The [Intrade] markets offer a great way to track the market-based consensus on political and current events. People put real money on the line in making predictions, which is better than snap judgments in opinion polls or no-stakes views of pundits."
Tom Gallagher, ISI Group

Source : Guessing Games, The Economist, 18 novembre 2004

mardi 26 février 2008

L'économie politique du changement climatique

Je recommande le texte de la HV McKay Lecture 2007, par Lord Nigel Lawson, à l'Institute of Public Affairs d'Australie, en novembre 2007. Un excellent texte par un sceptique de Kyoto et autres schèmes visant à réduire les émissions de CO2. Mais aussi, une très belle introduction à l'analyse économique des interventions de l'État.

Malheureusement, il est très difficile de tenir une discussion rationelle sur ce thème. Pour beaucoup de gens, le réchauffement climatique causé par les humains est un fait incontestable. Et le contester ou douter du bienfondé de tenter de réduire les émissions de GES fait de vous un hérétique (ou pire).

Le secteur manufacturier canadien

Beaucoup de personnes s'inquiètent des récentes pertes d'emplois dans le secteur manufacturier canadien, particulièrement au Québec et au Canada. Pour relativiser ce phénomène, il suffit de comprendre un certain nombre de choses :
  • La productivité augmente beaucoup plus rapidement dans le secteur manufacturier que dans le secteur des services. Ainsi, même si la part du manufacturier dans le PIB se maintient, il est normal que la part de l'emploi manufacturier dans l'emploi total diminue constamment.
  • À mesure que les niveaux de vie augmentent, avec la croissance du PIB réel par habitant, les personnes choisissent de dépenser une part de plus en plus importante de leur budget en services.
  • La mondialisation amène une spécialisation accrue de la production nationale, en fonction des avantages comparatifs. Or, la Chine et l'Inde, pour ne nommer que ces deux pays en émergence, ont certainement un avantage relatif dans la production de certains biens manufacturés simples à produire. Et la spécialisation accrue canadienne ne correspond pas seulement à l'abandon de certaines productions, mais aussi à l'augmentation ou à la création de nouvelles productions, souvent dans le domaine des services.
  • Les emplois les mieux rémunérés sont dans le domaine des services. On ne fait pas qu'y "flipper" des hamburgers.

Un article intéressant dresse un constat de la situation au Québec et en Ontario.