mardi 19 août 2008

La balance du compte courant

Voici un ajout à la seconde édition de Mankiw/Belzile, en préparation. Il porte sur le compte courant.

Les sorties nettes de capitaux (SNC) représentent la différence entre la valeur en dollars des actifs étrangers achetés par les résidents nationaux et la valeur en dollars des actifs nationaux achetés par les étrangers. Ainsi, lorsqu'un Mexicain dépense 100$ pour acheter 10 actions de la société Tim Hortons (à 10$ par action), il se produit une entrée de capitaux financiers de 100$ au Canada. Lorsqu'un Canadien dépense 160$ pour acheter 40 actions de Telmex, la société mexicaine de téléphone (à 4$ par action), il y a plutôt une sortie de capitaux de 160$ du Canada. L'effet net de ces deux transactions est une sortie nette de capitaux de 60$.

Une autre paire de flux financiers sera éventuellement associée à ces deux transactions portant sur des actions. Plus tard, Tim Hortons paiera sans doute des dividendes au Mexicain qui a acheté 10 de ses actions. Supposons que le dividende représente 3 pourcent du prix des actions : le paiement des dividendes provoquera une sortie future de capitaux financiers de 0.30$ par action, ou 3$ au total. De la même façon, il est possible que Telmex verse un dividende au Canadien qui a acheté de ses actions. Supposons un dividende de 5% : le Canadien recevra alors 0.20$ par action ou un total de 8$. Ces deux paiements (par Tim Hortons et Telmex) résulteront en une entrée nette de dividendes de 5$. D'autres transactions peuvent aussi se dérouler, par exemple des achats et des ventes d'obligations. Ces échanges mèneront plus tard à des paiements d'intérêt.

Nous tenons compte des achats d'actions (qui dans notre exemple résultent en une sortie nette de capitaux de 60$) dans notre mesure de la sortie nette de capitaux (SNC). Mais comment tenir compte des flux de capitaux financiers résultant des paiements de dividendes futurs ? Même chose pour les achats d'obligations : nous en tenons compte dans la sortie nette de capitaux, mais que faire avec les flux de capitaux financiers résultant des paiements d'intérêt futurs ?

La réponse est simple : ils sont mesurés dans la balance du compte courant. On définit la balance du compte courant ainsi :

Balance du compte courant = Exportations nettes + Entrée nette de dividendes et d'intérêts

Ainsi, la balance du compte courant mesure les paiements reçus de l'étranger en échange de biens et de services (incluant les intérêts et les dividendes) moins les paiements analogues faits aux étrangers. Nous avons déjà discuté de la partie la plus importante du compte courant, lorsque nous avons abordé les exportations, les importations et les exportations nettes. Nous n'avions cependant pas discuté explicitement des flux nets de dividendes et d'intérêts, et ce pour deux raisons. Premièrement, ils sont petits lorsqu'on les compare aux sorties nettes de capitaux qui sont à leur origine (dans notre exemple précédent, la sortie nette de capitaux de 60$ produit une entrée nette de dividendes future de seulement 5$). Deuxièmement, parce que le flux de paiements de dividendes et d'intérêts ne se produit que plus tard et continue pour plusieurs périodes (tant que le Canadien possède les actions de Telmex et que le Mexicain possède celles de Tim Hortons), l'analyse des effets d'événements qui peuvent créer une sortie nette de capitaux s'en trouve compliquée. Pour ces raisons, la deuxième partie de la balance du compte courant est souvent ignorée dans l'analyse de base des économies ouvertes. Notons cependant que, dans la figure 12.1, les recettes d'intérêt et de dividendes ont été incluses dans les exportations, alors que les paiements d'intérêt et de dividendes ont été inclus dans les exportations.

Les étudiants plus « allumés » auront peut-être d'ailleurs remarqué que la différence entre le PIB et le PNB tient justement dans les paiements internationaux d'intérêts et de dividendes. Pour calculer le PNB, on part du PIB et l'on soustrait les revenus versés à des non-résidents, puis l'on ajoute la valeur des revenus provenant de l'étranger et reçus par les résidents canadiens. En fait, lorsque l'on utilise le concept de PNB, le compte courant est par définition égal aux exportations nettes.