Récemment, le Journal de Montréal publiait un article intitulé "On triche dans les supermarchés" (18 mars 2008). Le président de l’Association des détaillants en alimentation (ADA), M. Florent Gravel, s'y plaignait que des détaillants ne respectent pas la réglementation québécoise sur le nombre d'employés en dehors des heures d'ouverture "normales" des commerces.
Pour comprendre la sortie publique de Florent Gravel, il faut retourner à l'économiste Mancur Olson et à son livre "The logic of collective action" (Harvard University Press, 1971, ISBN-13: 978-0674537514).
L’Association des détaillants en alimentation produit des biens publics pour ses membres, c'est-à-dire des biens pour lesquels on ne peut pas exclure un resquilleur.
Le bien auquel M. Gravel s'intéresse ici est la limitation des heures d'ouverture et de la concurrence, qui permet d'augmenter les profits des membres par une baisse des coûts. Individuellement, chaque détaillant est incité à ouvrir plus longtemps et à employer suffisamment de personnes pour satisfaire la clientèle. Lorsque tous le font, les clients sont heureux, mais les détaillants font moins de profits.
Il y a deux solutions possibles à ce jeu entre les firmes.
Premièrement, elles peuvent tenter de former un cartel. Mais les cartels sont illégaux et ... instables. En effet, chacun a intérêt à tricher en profitant de la réduction de la concurrence pour augmenter la sienne.
Deuxièmement, les firmes peuvent former une association, financée par ses membres, qui fera du lobbying afin d'obtenir une loi qui contraindra tout le monde à réduire la concurrence. D'où la loi sur les heures d'ouverture. Évidemment, lorsque l'on produit un tel bien public, il faut policer l'entente afin d'éliminer le resquillage. Si le gouvernement le fait, par la coercition, tout est réglé.
Surprise : le gouvernement, par ses règlements, est sans doute responsable de la création et du maintien des plus importants cartels dans l'économie.
mardi 8 avril 2008
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