À partir d'un très bon texte de Pierre Lemieux sur les subventions à Bombardier, allez voir le débat intéressant qui suit sur les effets de telles politiques. Particulièrement, les commentaires de David. Tout cela nous ramène à Frédéric Bastiat (1801-185), qui a abondamment discuté de "ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas". Plusieurs de ses textes peuvent éclairer ce débat sur l'utilité de subventionner une activité, dont Les travaux publics et Un profit contre deux pertes.
Voici un commentaire que j'ai ajouté au fil de discussion :
Selon JNH, "En effet, ces subventions sont nécessaires. Aucune, je dis bien aucune industrie de la taille de Bombardier dans le domaine aéronautique ne peut se vanter de réussir sans subventions. Aux États-Unis, Boeing reçoit ses subventions sous forme de contrat de R&D militaire." Et selon Richard, "La plupart des autres constructeurs aéronautiques (Boeing, Airbus, Sukhoi..) dépendent des juteux contrats militaires pour rentabiliser leur branche commerciale, ce que Bombardier ne peut profiter (sic) de par l’absence d’une armée de l’air avec des poches sans fond...".
En fait, les subventions militaires n'ont pas grand chose à voir avec la concurrence en aviation civile. À moins que la recherche militaire subventionnée ne soit directement utilisable au civil par l'entreprise, les profits d'une branche militaire n'ont pas d'impact sur les profits de la branche civile. Comment pourrait-on comprendre qu'une firme qui fait, disons, 5 milliards en profits militaires, choisisse de perdre de l'argent dans le domaine civil ? C'est un peu comme si Toyota décidait que, comme elle fait des profits avec la production de voitures, elle va maintenant commencer à produire en plus des bicyclettes, alors qu'elle est certaine de perdre de l'argent éternellement dans ce domaine. Je ne pense pas que les actionnaires soient ravis de cette possibilité.
Le bottom line est simple : on produit des avions civils si c'est rentable, donc si la valeur des avions est supérieure à la valeur des ressources qu'on y consacre. Si la seule façon de le faire, c'est grâce à des subventions, on est en train de détruire de la valeur. On n'est certainement pas en train de devenir plus prospères... (sauf les actionnaires subventionnés de Bombardier).
Finalement, un mot sur la possibilité que la recherche militaire, de Boeing par exemple, ait pour effet de baisser ses coûts de production d'avions civils. Dans ce cas, on a affaire à une externalité de production positive : il est moins coûteux de produire deux types de biens qu'un seul. Pierre Lemieux m'a fait remarquer, de façon très juste à mon avis, que Boeing serait dans ce cas plus efficient et produirait des avions civils avec moins de ressources que Bombardier. La logique de l'avantage comparatif nous amène à une conclusion claire : que Bombardier aille faire autre chose.
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